Cohabitation sous tension : Garry Conille et le Conseil présidentiel à la croisée des chemins

Port-au-Prince, Haïti, le 16 octobre 2024.-Le mardi 15 octobre 2024, le retour de Garry Conille de l’étranger a jeté une lumière nouvelle sur les rapports entre le Premier ministre et le Conseil présidentiel de transition (CPT), présidé par Leslie Voltaire. Loin d’avoir été une simple formalité, la rencontre qui a eu lieu dans l’après-midi entre les deux branches de l’exécutif s’est révélée cruciale pour l’avenir de la stabilité institutionnelle du pays.

Depuis plusieurs semaines, des tensions sous-jacentes étaient apparues au grand jour, exacerbées par une correspondance houleuse entre les deux leaders. Au centre de la discorde se trouvait la convocation de la ministre des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, orchestrée par le CPT sans l’aval du Premier ministre. Cette démarche avait été perçue par Garry Conille comme une entorse aux procédures établies, provoquant un mécontentement qu’il n’avait pas tardé à exprimer. La réplique ferme de Voltaire n’avait fait qu’accentuer les doutes sur la réelle harmonie entre le chef du gouvernement et le conseil de transition.

Cependant, lors de sa conférence de presse tenue au Salon diplomatique de l’aéroport Toussaint Louverture, Garry Conille avait tenté de minimiser ces dissensions. En affirmant que ses relations avec le CPT étaient restées cordiales, il avait cherché à rassurer une opinion publique inquiète de la fragilité des institutions en cette période de transition délicate. Mais la question persiste : la rencontre apaiserait-elle les tensions ou, au contraire, les raviverait-elle ?

Les premiers rapports issus de la réunion indiquent qu’elle a permis aux deux parties de s’engager dans une discussion franche et directe. Si certains points de friction subsistent, l’espoir d’une amélioration des relations entre le Premier ministre et le CPT semble réel. Le processus de transition, bien qu’encore fragile, pourrait trouver une stabilité accrue si cette coopération naissante se renforce.

La coordination entre ces deux branches de l’exécutif demeure essentielle pour le bon fonctionnement de l’État, en évitant de replonger le pays dans une nouvelle crise institutionnelle. À l’heure où Haïti est confrontée à des défis économiques, politiques et sécuritaires d’une ampleur sans précédent, l’unité au sommet de l’État reste plus que jamais nécessaire. Garry Conille semble l’avoir compris, et cette rencontre avec le CPT pourrait bien marquer un tournant dans la gestion de la transition.

Il appartient donc à Garry Conille et à Leslie Voltaire de dépasser les rivalités personnelles et les divergences institutionnelles pour s’engager sur un chemin de coopération et de dialogue constructif. C’est à ce prix que la transition politique pourra aboutir, avec l’espoir d’un renouveau pour Haïti.

Bitoss FRANÇOIS

Média Legliz La

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